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« Le souvenir de Rilke est maintenant devenu pareil à cette
brise, qui rouvre comme une rose de Jericho le coeur desséché des
solitaires. Parce qu'il fut triste, notre amertume est moins grande; nous
sommes moins inquiets, parce qu'il vécut sans securité; nous sommes moins
abandonnés, parce qu'il fut seul. » Marguerite Yourcenar C’est une chance qu’en 1903, un poète de vingt ans – Franz Xaver Kappus – ait décidé d’envoyer au plus grand écrivain allemand avec Goethe et Hölderlin – Rainer Maria Rilke – une lettre où il doutait de sa vocation. Il ne pouvait espérer plus belle écoute et plus juste accueil à ses incertitudes. En effet, c’est avec une extrême délicatesse que Rilke répondra régulièrement durant cinq ans à ce jeune homme, qu’il ne rencontrera jamais. Trois ans après la mort du Maître, en 1929, ce « Cher Monsieur Kappus » édite dix courriers que lui avait envoyés l’auteur des Elégies de Duino et les accompagne d’une courte et respectueuse préface. Il décide d’intituler simplement ce recueil : Lettres à un jeune poète. C’est un succès éditorial mondial qui ne s’est jamais démenti depuis. Ce bréviaire de sagesse doit sa popularité à la profondeur des questionnements, à la simplicité de la langue. Un souffle de génie le traverse. Humble et magistral à la fois, il aborde toutes les grandes questions de l’éxistence : l’amour, la mort, Dieu, la solitude, l’art, la sexualité. Niels Arestrup ne nous propose pas une lecture des Lettres à un jeune poète. Le comédien les connaît par cœur, de cœur. Cet apprentissage de l’exigence de l’art, il a fait lui même et continue aujourd’hui, avec ce spectacle, d’en faire l’expérience. Est-ce à dire « qu’il joue » Rilke ? Non : il nous livre l’intimité de cette parole pleine d’intelligence, de bonté, d’humour, de colère. Une pensée d’une générosité rare que nous donne à saisir l’acteur Niels Arestrup. C’est plus que du théâtre, comme ces lettres sont plus que de la littérature. C’est un événement pour tous ceux qui ne connaissent pas encore ce texte bouleversant mais aussi pour l’immense communauté des lecteurs des Lettres à un jeune poète. |
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