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Paris et ses Théâtres
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Paris en 1652, Le Théâtre du Marais dans le cercle |
C’est en 1633 que Corneille attire l’attention du redouté Cardinal de Richelieu. Louis XIII, la Reine prennent les eaux de Forges, toutes proches de Rouen, dans l’espoir de donner un dauphin à la France. Le Cardinal les accompagne. L’archevêque de Rouen demande à Corneille de composer une pièce en vers latins en leur honneur.
Grand amateur de théâtre, Richelieu connaît déjà Corneille par le succès de sa dernière comédie. Il l’attache dès lors à son cabinet dramatique et en fait l’un des cinq auteurs chargés d’écrire, sous ses ordres, des comédies dont il invente le sujet, ( Boisrobert, Colletet, de l’Estoile, Rotrou et Corneille).
Ce grand politique, conscient de la dégradation du langage et des outrances de certaines pièces de théâtre, tant dans leur fond que dans leur forme, reprend en main une petite assemblée de neuf gens de lettres plutôt discrets qui se réunissaient depuis 1629 et transforme cette société en Académie française, dès 1635. Il en sera le protecteur. Il confie à l’Académie des tâches capitales, notamment l’élaboration d’un dictionnaire de la langue qui fixera le sens des mots et en éloignera tout ce qui est vulgaire et grossier, ce qui n’était pas rare à l’époque. L’Académie sera amenée également à faire la critique des ouvrages contemporains, soumis par leurs auteurs à son analyse.
Corneille est un littérateur, il n’a rien de l’homme de troupe et de terrain que sera plus tard Molière. Pour lui le spectacle s’incarne dans Mondory qui, le premier, a su lui faire confiance. Leurs noms seront unis jusqu’à l’apothéose du Cid.« Beau comme le Cid ! »
Du Triomphe à la querelle :Depuis le 19 mai 1635, la France a déclaré la guerre à l’Espagne. Une formidable lutte contre la puissante Maison d’Autriche est engagée elle durera jusqu’à la Paix des Pyrénées en 1659.
Le Cid
Édition de 1639, l'originale est de 1636En pleine guerre avec l’Espagne Corneille prépare une pièce qui célèbre l’héroïsme castillan : Le Cid. Est-ce bien le moment ? Peut-être est-ce là l’origine de l’animosité de Richelieu envers Corneille dont il estimait tant le talent ? Outre la mise en vedette d’un héros espagnol, le Cardinal pouvait-il goûter une telle apologie du duel qu’il avait interdit, et oublier certaines « petites phrases » cruelles à l’oreille d’un ministre qui s’efforce de maintenir une royauté absolue.
« Pour grands que sont les rois, ils sont ce que nous sommes. Ils peuvent se tromper comme les autres hommes. »
Et pourtant c’est le triomphe. De quoi parle-ton à la cour, et à la ville ? du Cid, du seul Cid dont Paris est littéralement amoureux. On apprend par cœur des tirades entières, on se grise à les déclamer. La pièce fait représenter par trois fois la pièce en son palais du Louvre. Richelieu l’entendra deux fois rue Saint-Honoré.
À l’adhésion du Roi, au soutien du Cardinal, la Reine ajoute le vœu de voir le triomphateur anobli, ce qui est fait.
Tant de succès et de gloire attisent et excitent les jalousies. 1637 sera l’année de la querelle du Cid.
Brochures pamphlets vont s’entrecroiser et les principaux adversaires seront ses anciens camarades, Scudéry et Mairet. Requête sera déposée devant l’Académie, laquelle, bien embarrassée sera obligée de statuer, le Cardinal ayant lui-même avoué « qu’il serait bien aise de voir le sentiment de l’Académie et que cela le divertirait ». C’est lui qui relira le sentiment de l’Académie et en adoucira même semble-t-il, quelques jugements trop abrupts, convenant que « Bon, mais il fallait y jeter quelques fleurs ».
Il entend bien que ces fleurs mettent un point final à la querelle. Corneille qui sait ce que parler veut dire, ne se fait pas prier :
« Maintenant que vous me conseillez de n’y point répondre, vu les personnes qui s’en sont mêlées, il ne faut point d’interprète pour entendre cela. J’aime mieux les bonnes grâces de mon Maître que toutes les réputations de la terre. Je me tairai donc. »
Corneille n’apportera cependant aucun démenti à Boileau lorsqu’il publiera, bien plus tard, ces vers célèbres :
En vain contre le Cid un Ministre se ligue
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.qui synthétisent bien, pour la postérité, ce que fut cette querelle comparable à ce que sera plus tard la fameuse bataille d’Hernani (autre sujet d’inspiration espagnole).
Le Théâtre à la Française
En 1639, Richelieu, grand amateur de Théâtre fit construire en son Palais Cardinal bâti en 1629 par l'architecte Lemercier, un grand et beau théâtre inauguré en 1641 par la tragi-comédie Mirame. Ce théâtre était situé à l'emplacement de l'actuelle rue de Valois.
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1ère représentation de Mirame au Palais Cardinal
en présence du Dauphin, d'Anne d'Autriche, de Louis XIII et de RichelieuMais depuis 1636, le Théâtre du Marais est lancé. Il présente, en alternance, les deux grands auteurs du temps : Tristan L’Hermitte et Corneille. Mondory, frappé d’apoplexie en scène doit quitter ses fonctions, C’est l’acteur Floridor qui en devient la vedette, aussi talentueux dans la tragédie que dans la comédie. Corneille demeure fidèle à cette salle qui est, pour le public et au grand dam de l’Hôtel de Bourgogne, la première de Paris et enchaîne les succès, Horace en 1640, Cinna 1641 et Polyeucte en 1642 puis La mort de Pompée.
A la mort du Cardinal, en 1642, Corneille ses laissera attribuer ces quelques vers doux amers :
Qu’on parle bien ou mal du fameux Cardinal
Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien,
Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal,
Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien.Ce palais redevient la propriété du roi et donc Palais-Royal. Et c’est sous le règne suivant qu’il gagnera ses lettres de noblesse.
Cependant en ces années contemporaines de la mort de Louis XIII, d’autres troupes tentent de manifester leur art dans la capitale.
Les débuts de Molière : « L’Illustre Théâtre »
Parmi ces talents, encore novices, on découvre une nouvelle compagnie, L’Illustre Théâtre, dirigée par Madeleine Béjart et Jean-Baptiste Poquelin, dont le père a la charge de tapissier du Roi – ce qui correspondrait de nos jours au métier de décorateur ensemblier. La cour du Roi se déplaçant beaucoup, emportait avec elle, meubles, tapisseries… enfin tout ce qu’il fallait pour aménager à la hâte les vaste châteaux composant les résidences royales.
Ne trouvant aucun lieu disponible, dans le bel enthousiasme de leur jeunesse, ils ont envie d’ouvrir un troisième théâtre à Paris. Mais ils manquent d’argent. Ils louent pourtant le 12 septembre 1643 le jeu de paume des Métayers « sis, sur le fossé et proche de la porte de Nesle » (actuellement rue Mazarine et rue de Seine).
Plan et élévation du Jeu de Paume des MétayersIls le transforment en théâtre et l’ouvrent le 1er janvier 1644. C’est un échec total. Après quelques autres tentatives malheureuses et un emprisonnement au Châtelet pour n’avoir pas payé la facture de ses chandelles, le futur Molière va quitter Paris pour une tournée provinciale qui durera plus de douze années.
Le 15 janvier 1644, un incendie détruit le jeu de Paume du Marais qui est transformé en Théâtre à la Française : un carré long, dans lequel, une scène peu profonde et un parterre à l'usage du public debout, est cerné par une galerie sur laquelle des loges permettent à la belle société assise d'éviter toute gênante promiscuité.
L'ensemble sera bientôt équipé de machines qui orchestreront de savants changements de décors.
Salle du Théâtre du MaraisIl semble que ces novations aient incité les Confrères de la Passion, propriétaires du Théâtre de Bourgogne a y faire également des transformations demandées par la troupe royale dirigée par Bellerose qui rêve de plus en plus de torpiller les succès du Théâtre du Marais. Seule possibilité : attirer vers lui Floridor, persuadé que Corneille le suivra. C’est ce qui arrive en 1647, pour la création d’Héraclius.
La réorganisation des deux théâtres, voulue en fait par le Roi et son conseil au printemps 1647, n’ont pas grand effet pour le public.
La naissance de l’Opéra :
En effet, les yeux de Paris se tournent vers la veste salle construite, nous l’avons vu, par Richelieu, mais qui va permettre au nouveau premier ministre d’Anne d’Autriche, le Cardinal Mazarin, de faire admirer le faste des spectacles italiens avec notamment huit représentations de l’Opéra Orfeo et des grands spectacles avec changements de décors selon la technique italienne, et qui vont ravir la capitale.
Le Palais Royal, ex-Palais Cardinal, le théâtre dans l'aile droiteUn vent de fronde va mettre le spectacle au second plan. Néanmoins, en cette fin de première moitié du siècle, tout semble se mettre en place pour l’organisation magistrale, par le futur Louis XIV, du grand spectacle à la française.
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Paris en 1652, Le Palais-Royal dans le cercle
Plan dit de Gomboust
( Bibliothèque historique de la ville de Paris )
Bibliographie :
Histoire du Théâtre de André Degaine (Nizet 1992)
Histoire du Théâtre de Lucien Dubech (en 5 volumes Librairie de France 1931)
Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet (2 volumes Editions de Minuit 1963)
Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du Moyen Age de Gustave Cohen ( Librairie Honoré Champion – 1951)
Histoire des Spectacle ouvrage collectif sous la Direction de Guy Dumur ( Encyclopédie de la Pléïade 1965)
Le Théâtre du Marais La période de gloire et de fortune (1629-1648) tome I de S.Wilma Dieierkauf-Holsboer (Editions Nizet 1954)
Le Théâtre de Bourgogne (1548-1635) tome I de S.Wilma Dieierkauf-Holsboer (Editions Nizet 1968
Le jeu de paume des Mestayers par Auguste Vitu ( Alphonse Lemerre Editeur 1883)
La Commedia dell'arte et ses enfants de Pierre-Louis Duchartre Editions d'Art et d'Industrie -1955)
Iconographie:
Fonds de l’Association de la Régie Théâtrale et de la Bibliothèque historique de la ville de Paris.
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