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C’est la pièce qui va marcher THEATRE. Comme elle n’affiche pas de vedette, son lancement au La Bruyère s’est plutôt fait discret. Pourtant, « Un petit jeu sans conséquence » est « la » pièce à voir. C’est drôle, original et plein de peps. Courez-y avant que les places deviennent rares. Ce début de saison nous a valu déjà d'excellentes pièces, audacieuses parfois mais finalement assez conventionnelles. Or, voici que surgit au théâtre La Bruyère une comédie débordante de jeunesse, de vie et de fantaisie qui nous semble, cette fois, sortir résolument des sentiers battus. Comme en leur temps " André le Magnifique " ou " Un air de famille ", elle charrie un sang neuf et devrait séduire un large public, au delà même du cercle des mordus de théâtre. Ici, en effet, pas de vedette et rien de préfabriqué mais une liberté, un ton, un esprit qui nous changent des schémas habituels. Une bande de copains y vit simplement une aventure apparemment banale qui, par la magie de deux auteurs complices, Jean Dell et Gérard Sibleyras, s'avère aussi riche que singulière. Une bouffée d'air frais Une propriété à la campagne doit être vendue pour laisser la place à un hôtel. Belle occasion de réunir des jeunes gens qui y ont passé leur enfance. Il y a là, notamment, un couple qui fait l'admiration de tous par son équilibre et sa résistance à l'usure des ans, une fille un peu nunuche, visiblement paumée, un raté sympathique, plein de bonne volonté mais gaffeur en diable, et un jeune homme de belle allure qui a longtemps roulé sa bosse à l'étranger. Tout ce petit monde se partagerait entre la joie et la nostalgie des retrouvailles si la femme du couple modèle, au vu d'une publicité télévisée montrant un ménage quelque peu embourgeoisé, n'en venait à s'interroger sur son propre sort et n'avait l'idée saugrenue, mi par provocation, mi par amusement, d'annoncer au gaffeur, sous le sceau du secret, son intention de quitter son mari. Bien sûr, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre et, la première surprise passée, chacun avoue avoir noté, qui chez l'homme, qui chez la femme, les signes avant-coureurs de cette rupture. Ces considérations reviennent évidemment aux oreilles du couple qui commence à douter de la solidité de son amour, se pose des questions et finit par se distendre, obsédé par la crainte de céder à la routine et d'apparaître " plan-plan ". Tout cela sonne vrai et s'enchaîne très logiquement à travers des dialogues pétillants et drôles empruntés au langage quotidien. Pas de mots d'auteur mais des notations subtiles comme prises sur le vif. Les interprètes, déjà admirés dans " Accalmies passagères ", sont étonnants de spontanéité, de fraîcheur, de jeunesse et de vérité. On rit beaucoup et l'on rend grâce à Stéphane Hillel dont la mise en scène inventive est en parfaite adéquation avec cette tranche de vie, amusante et cruelle comme il sied à ce jeu de l'amour et du hasard. Cela n'a rien d'un spectacle d'avant-garde, c'est simplement une bouffée d'air frais qui donne un sérieux coup de jeune au théâtre ! ANDRÉ LAFARGUE Le Parisien 12 septembre 2002 |
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